LITTÉRATURE AFTER

Le plaisir (pas) coupable de l’heure

Rencontre avec Anna Todd, auteure de la série de livres After, qui connaît un immense succès chez les jeunes filles.

Pourquoi les femmes s'habillent mieux vers 40 ans ? Les raisons sont toutes simples : elles ont expérimenté différentes choses pendant 20 ans et savent désormais choisir les coupes qui mettent en valeur leur silhouette. Bref, elles ont trouvé leur style.

Le fait de vieillir ne comporte pas simplement des inconvénients, au contraire, souligne la journaliste du Telegraph. Cessons de regarder en arrière et de se dire qu’on ne peut plus porter des jupes trop courtes ou des décolletés plongeants.

Marie-Claude Pelletier, fondatrice de l’agence de stylisme Les Effrontés, pense en effet que les femmes de 40 ans se connaissent mieux et que leur style est plus raffiné. « À 20-30 ans, on expérimente et on s’amuse, à 40 ans, on sait doser, on peut tout porter, mais pas de la même façon. Plus jeune, on ne veut pas être catégorisé, donc on opte pour toutes sortes de styles, mais avec le temps, il y a un style qui se dessine et qui nous représentera davantage », affirme-t-elle.

Natalie Richard est dans le début de la cinquantaine. Elle est animatrice et nouvelle sommelière de Vins au féminin. Elle sait désormais ce qui met en valeur sa silhouette et surtout, ce qui ne lui va pas. « Je dirais qu’on devient plus classique. Dans mon cas, je me suis assagie avec les années, mon style est plus sobre. J’ai donné tellement de vêtements ! Tous ceux que je portais à l’époque où je travaillais comme VJ à Musique Plus et à Much Music ont été donnés. Impossible de les porter à mon âge ! », s’exclame-t-elle.

« J’ai envie d’être confortable, d’avoir moins de vêtements, mais de plus grande qualité. Des vêtements indémodables, de beaux chemisiers, de belles vestes et une jolie robe noire que je vais porter longtemps. Je n’ai pas forcément envie d’être à la mode ».

— Natalie Richard

Marie-Claude Pelletier estime que la quarantaine est une période charnière de la vie. « On affine nos goûts, c’est une période de changements et on souhaite définir son style. Il y aura des femmes plus classiques, d’autres plus glam-rock ou romantiques. » Elle souligne aussi le fait que dans la quarantaine, le corps change encore. « Les femmes qui ont eu des grossesses à la fin de la trentaine et qui se sont beaucoup consacrées à leur famille sans se soucier d’elles-mêmes, se réveillent, se prennent en main et perdent du poids vers la mi-quarantaine. » Résultat ? « C’est dans la cinquantaine qu’on se connaît le mieux et que les femmes sont plus indulgentes envers elles-mêmes », pense la styliste Marie-Claude Pelletier.

Natalie Richard remarque en vieillissant que moins, c’est toujours mieux. « Moins on se maquille et plus on a l’air jeune. C’est pareil pour la coiffure et les vêtements. Une certaine sobriété dans son allure aide à traverser les années. Je ne vais pas m’habiller comme ma fille de 14 ans ! Elle ne me prend pas mes vêtements. Ça ne l’intéresse pas et moi non plus ! », dit-elle.

Peut-on tout porter même à 50 ou 60 ans ? « Oui, on peut tout mettre, mais il faut savoir doser, estime Marie-Claude Pelletier. Une jupe courte si vous avez de belles jambes, pourquoi pas ! Mais si vous ajoutez un décolleté en plus des talons aiguilles, ça ne passera pas. On dira que c’est une vieille qui veut avoir l’air jeune ! On ne veut pas avoir ce genre de réflexion… »

Rencontre

Le plaisir (pas) coupable de l’heure

Oubliez Fifty Shades of Grey. Le livre qui fait courir les jeunes femmes (de 13 à 60 ans), c’est After. Une série à l’eau de rose, torride et surtout très graphique, laissant plein de place à l’imagination. Non, ce n’est pas de la grande littérature. Mais oui, vous seriez folles de vous en priver. Et surtout de lever ici le nez. Voici pourquoi.

Nous avons rencontré la jeune (26 ans) auteure américaine Anna Todd, hier matin, dans un chic café du Vieux-Montréal. C’est qu’elle est une véritable star. Publiée d’abord sur l’internet (sur Wattpad, avec plus de 1 milliard de clics), puis par plusieurs éditeurs partout sur la planète, elle compte ses lecteurs par dizaines de millions. Sans surprise, le studio Paramount a déjà acheté les droits pour faire un film de sa fiction.

Et Anna Todd est une véritable machine : hier, sa maison d’édition américaine annonçait le lancement de deux autres livres, en plus d’un dernier tome à la série, qui en compte déjà cinq (des briques, faut-il le préciser).

Pas mal pour un livre inspiré des membres de One Direction. Écrit à la va-vite, certes, mais visiblement avec plaisir. Sur le plaisir, justement, le plaisir des femmes, le désir des femmes, la passion des femmes. Sulfureuse, par-dessus le marché.

VOICI CINQ CHOSES QUE VOUS NE SAVIEZ PAS DE L’AUTEURE À SUCCÈS DE L’HEURE.

Anna Todd était maquilleuse avant de commencer à écrire sa série. Comme quoi tout est possible, dans la vie.

« Oui, c’est vrai que tout ce qui m’arrive est un peu fou, dit-elle. C’est un rêve qui se réalise. Et j’adore chaque minute […] J’étais maquilleuse, mais je n’ai pas fait une école de maquillage. Je travaillais chez ULTA, une boutique du genre Sephora. C’est là que j’ai suivi une formation et que je vendais des produits. Et puis, je gardais des enfants aussi. Je suivais des cours par correspondance à l’université, mais comme je ne savais pas du tout ce que je voulais faire de ma vie, je détestais ça. Personne de ma famille n’est allé à l’université. Mes parents n’ont même pas fini leur secondaire… »

Elle a commencé à écrire… sur son téléphone intelligent !

« Je lisais beaucoup de fiction sur Wattpad, une application gratuite où l’on peut lire et publier toutes sortes de choses, notamment de la fan fiction [de la fiction inspirée de personnalités]. Et puis je m’ennuyais, alors je me suis mise à écrire. Pour moi. Et je n’arrivais plus à m’arrêter ! J’écrivais sur mon téléphone, parce que c’est beaucoup plus pratique qu’on pense. Je pouvais écrire pendant que je faisais mon épicerie, en attendant chez le dentiste. C’est d’ailleurs pourquoi il y a des tonnes de fautes d’orthographe sur l’internet. Mon autocorrecteur changeait systématiquement le nom de Tessa [l’héroïne], par "yes" [oui]. […] Je pouvais écrire un chapitre en deux ou trois heures. »

Elle a caché ses écrits à son mari.

« Je l’ai caché à mon mari et à tout le monde, en fait ! Moi, je ne crois pas qu’il faille tout raconter à tout le monde. C’est peut-être à cause de mes insécurités. Mais j’avais l’impression que mon écriture, c’était mon truc à moi. J’ai habité dans une communauté de militaires plusieurs années, à cause du travail de mon mari, et plusieurs femmes ne se définissent que comme cela : par le métier de leur mari. Là, j’avais trouvé un truc à moi. Mon truc à moi […] Bien sûr, maintenant, il me lit et il est très fier de moi. […] Quant aux scènes de sexe, non, il n’est pas surpris [rires]. Il me connaît depuis très longtemps… »

Ses scènes de sexe valent mieux qu’un cours d’éducation sexuelle.

« Je ne veux pas être une professeure d’éducation sexuelle, mais comme Tessa n’a que 18 ans, pour moi, il était très important qu’elle se protège. Elle est jeune. Ce n’est pas que je croie que la fiction doive être éducative à tout prix, je trouvais simplement important, pour moi, qu’elle se protège. […] J’ai une lectrice brésilienne de 19 ans qui est venue me voir pour me dire que mon livre lui avait permis de parler de sexualité avec sa mère. Il faut que les adolescentes soient informées. Vous savez, dans la plupart des écoles américaines, tout ce qu’on fait comme éducation sexuelle, c’est de prôner l’abstinence ! »

Elle le dit et l’écrit : les jeunes filles aiment ça, le sexe, aussi.

« Très souvent, on dirait qu’on dit aux jeunes filles qu’elles ne devraient pas aimer ça, le sexe, qu’elles ne devraient pas s’y intéresser. C’est faux ! Les filles ne devraient pas se lancer dans une relation si leur plaisir n’est pas au rendez-vous. Je lis beaucoup de fiction et on ne parle toujours que du plaisir des hommes. La fille fait 50 pipes à son copain, et n’a jamais rien en retour. On ne parle jamais du plaisir des filles. […] C’était important pour moi que le plaisir et les émotions de la jeune fille passent en premier. […] Non, je n’ai jamais lu quelque chose comme ça avant. Oui, c’est peut-être ça, ce qui explique mon succès. En tout cas, si c’est le cas, ce serait vraiment cool ! »

After, la série

Elle compte pour l’instant cinq tomes : La rencontre, La collision, La chute, Le manque et L’Éternité. L’histoire est archi classique : Tessa, une jeune fille de bonne famille (vierge et studieuse, il va sans dire) rencontre un ténébreux bad boy, Hardin, alias Harry Styles. Et c’est dans ses bras qu’elle découvre tout de sa sexualité. Sans filtre. Mais avec protection. Et surtout avec plaisir. À lire à partir de quel âge ? À vous de juger.

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